Nicolas Forgeau : de Rochefort à Oléron, des aventures pour nouer sa vie

Juil 28, 2025 | Royan

« Avoir ma cabane ici, ça faisait un moment que ça me trottait dans la tête », confie Nicolas Forgeau. Peinte en jaune et bleu, c’est dans la cabane 15 de l’avenue du Port que l’ancien matelot s’est installé pour vendre ses nœuds. Il commercialise également son livre : Le guide Hachette des nœuds. Il y liste 70 nœuds utiles. Une manière de partager sa passion pour le matelotage. Un intérêt dont il a fini par faire sa vie, mais qui n’a pas toujours été une évidence.

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En 2001, il arrive à la Corderie Royale en tant que guide. Habitué des travaux saisonniers dans le tourisme, ce n’est, pour lui, qu’un poste comme un autre. Mais une rencontre va tout changer. « On avait eu une journée de formation avec Patrick Moreau, un gréeur et mateloteur. C’est le premier a me parler de nœuds. » La naissance d’une passion : « Ça m’a accroché, je ne sais pas trop pourquoi, mais je me suis mis à en faire dans mon coin. » Un attrait qui le pousse à créer en 2006, avec l’aide d’un collègue, l’atelier de matelotage de la Corderie Royale.

Le stand de démonstration de nœuds à la Corderie Royale de Rochefort.
Le stand de démonstration de nœuds à la Corderie Royale de Rochefort.
Faustine Longatte

L’aventure Hermione

Cet engouement pour les nœuds l’entraîne dans une autre aventure : la restauration de l’Hermione. « Entre 2013 et 2015 je faisais ça en parallèle de mon travail à la Corderie. » Enthousiaste, il raconte : « La période où l’on travaillait à terre, c’était vraiment excitant, car on savait qu’après toutes ces années, on se rapprochait de notre but et qu’on allait bientôt partir. » En avril 2015, c’est le grand départ : « On a navigué trois mois jusqu’aux États-Unis. Voguer à bord de l’Hermione, c’est une expérience hors du temps. On se sent comme un pionnier, personne n’avait fait ça depuis le XVIIIe siècle. »

« C’est aussi ça, la beauté de l’Hermione : avoir réussi à générer une armée de bénévoles qui continuent à l’entretenir. »

Interrogé sur les actuels travaux de sauvegarde du navire, pour l’ancien gréeur, il est impensable de le laisser. « J’espère qu’il renaviguera un jour, c’est la vocation d’un bateau. La situation est compliquée, ça va peut-être être long, mais je garde espoir. » Nicolas Forgeau a des nouvelles du bateau grâce à ses anciens camarades de navigation : « C’est aussi ça, la beauté de l’Hermione : avoir réussi à générer une armée de bénévoles qui continuent à l’entretenir. »

« Ce que je fais, c’est lié à la mer »

À la suite de ce périple, l’ancien marin traverse un passage à vide. « J’ai fini par me dire qu’il était temps de quitter la Corderie. » Ce qu’il fait en 2017. Il se lance à son compte un an plus tard pour vendre ses créations en nœuds. À l’époque, c’est surtout grâce à internet et aux marchés qu’il parvient à commercialiser ses produits.

En 2021, l’auto-entrepreneur pose l’ancre sur l’île d’Oléron, au milieu d’autres créateurs. « C’est un endroit connu pour l’artisanat, on est une trentaine sur le site. En plus, le cadre est vraiment génial. » Le charme des anciennes cabanes ostréicoles a tout pour plaire, et pour Nicolas, elles restent dans le thème : « Ce que je fais est lié à la mer, alors m’installer ici, au bord de l’eau, rien de plus logique. »

La cabane de Nicolas Forgeau où se trouve son entreprise « Nico Matelotage ».
La cabane de Nicolas Forgeau où se trouve son entreprise « Nico Matelotage ».
Faustine Longatte

Une indépendance qui lui offre une grande liberté. « C’est un luxe de travailler seul, sans avoir à rendre de comptes » Une émancipation qui a des limites, puisqu’il reste très dépendant des saisons touristiques. « J’ouvre surtout en été, à cette période c’est du sept jours sur sept. Par contre, en hiver, je ne vais ouvrir qu’une demi-journée par-ci par-là, et je ferme complètement en janvier. »

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Nicolas Forgeau est interrompu par l’arrivée d’un livreur chargé de deux gros cartons : « C’est parfait, je venais de vendre les derniers. » Dans les paquets, de nouveaux tirages du Guide Hachette des nœuds. Au printemps 2024, la maison d’édition Hachette le contact pour lui proposer d’écrire un livre. « Ils cherchaient à faire un bouquin sur les nœuds utiles pour la vie de tous les jours » C’est en décembre qu’il se met vraiment à travailler dessus. « Après trois mois de travail, on s’est mis d’accord : 70 nœuds, dont quelques-uns décoratifs. Le but, c’était d’expliquer comment faire le nœud, mais aussi d’où vient son nom, et à quoi il sert. » Le livre est aussi vendu à la Corderie Royale et dans des librairies plus généralistes

Une aventure qui est loin de se terminer, le mateloteur à des projets d’avenir. « J’aimerais développer ma production hivernale, notamment en vendant d’avantage sur internet. » Avec l’écriture de son livre, c’est une autre vocation qui est née chez Nicolas Forgeau. Si les ventes sont au rendez-vous, il n’exclut pas d’autres ouvrages : « J’aimerais bien faire un tome deux, qui se concentre sur des nœuds marins, adaptés à la plaisance, ou alors un uniquement décoratifs. »