ALBI. Urban Festival : 25 ans de cultures en mouvement à Albi

Juil 26, 2025 | Albi

Né en 1999 sous l’impulsion de la Ville d’Albi, le festival a grandi avec son époque, intégrant au fil des ans les pratiques émergentes, les sports de rue devenus disciplines olympiques, les arts numériques, les nouveaux langages de la danse ou du graff. Ce qui n’a jamais changé, en revanche, c’est son ancrage : une programmation gratuite, pensée pour et avec les jeunes, déployée au cœur de la ville.

Pour cette édition anniversaire, l’événement s’étendra sur dix jours, du 20 au 30 août, et investira comme à son habitude les grandes places albigeoises : le Vigan, les Cordeliers, le Jardin national, le Patus Crémat, mais aussi la cour du Carré public, centre névralgique de la vie étudiante et associative. Danse hip-hop, BMX, streetball, concerts, projections, graff, DJ sets, jeux numériques ou ateliers participatifs : la programmation entend refléter toute la richesse des expressions urbaines d’aujourd’hui. « Ce qui nous tient le plus à cœur, c’est de créer un espace d’expression libre, bienveillant, joyeux. Un espace où chacun peut venir, essayer, participer. » poursuit l’élue.

La structure du festival s’articule cette année autour de trois temps forts. Du 21 au 24 août, la séquence « sportive » donnera le ton : tournoi de basket 3×3, initiation au skate, figures de BMX, parkour, défis chronométrés… Dans la rue comme sur les modules, les jeunes pourront se mesurer à eux-mêmes ou simplement regarder faire. En parallèle, les 23 et 24 août, un nouveau week-end « Family & Kids » viendra ouvrir l’événement à un public plus jeune encore. Au programme : escape game, jeux d’adresse, fresques à colorier, mini-concerts et performances adaptées. « On tenait à ce que le festival parle aussi aux enfants et aux familles. »

La dernière séquence, du 26 au 30 août, réunira les temps les plus spectaculaires. On y retrouvera des battles de danse et des performances live de graffeurs, mais aussi des concerts, une projection de Vice Versa 2 en plein air, et des expérimentations numériques autour du jeu vidéo. Plusieurs figures majeures de la scène urbaine seront au rendez-vous, à commencer par le collectif Pokémon Crew : fondé à Lyon en 1999, ce groupe emblématique du breakdance français a remporté de nombreux titres internationaux et s’est produit sur les scènes du monde entier, contribuant à faire reconnaître la danse hip-hop comme un art à part entière. Leur présence à Albi sera l’un des temps forts chorégraphiques du festival.

Côté musique, on retrouvera Amandine Bourgeois, révélée au grand public en 2008 en remportant la Nouvelle Star. Elle viendra enrichir la palette artistique d’un festival qui ne cesse de brouiller les frontières entre les styles. Le festival s’achèvera le 30 août par une grande soirée de clôture sur la place du Vigan, où se mêleront danse, cabaret urbain, scène ouverte et set de Sidney. Figure pionnière du hip-hop en France, animateur mythique de l’émission H.I.P. H.O.P. dans les années 1980. Parrain fidèle de l’Urban Festival, il incarne cette mémoire vivante qui relie les débuts du mouvement aux créations les plus actuelles.

Mais derrière cette programmation dense, ce sont surtout les dynamiques collectives qui donnent au projet son identité. Chaque année, plus d’un millier de jeunes sont impliqués dans l’organisation, la médiation ou l’animation du festival, aux côtés de dizaines de structures : maisons de quartier, centres de loisirs, associations sportives ou culturelles. « Rares sont les événements de cette ampleur qui mobilisent autant d’acteurs locaux » souligne Fabienne Ménard.

Car l’Urban Festival ne se contente pas d’animer la fin du mois d’août. Il agit en filigrane tout au long de l’année, en tissant des liens entre les structures, en repérant des talents, en accompagnant des projets, en valorisant des pratiques parfois marginales ou invisibles. Il fait entrer dans la ville des gestes, des rythmes, des voix qui n’y trouvent pas toujours leur place. Il autorise l’invention, l’improvisation, l’usage joyeux et collectif de l’espace urbain.

En 25 ans, le festival a vu passer des générations, évoluer les pratiques, se transformer les outils. Il est resté fidèle à sa vocation initiale tout en accompagnant les mutations de la jeunesse. C’est peut-être là sa réussite la plus précieuse : faire du cœur de ville un terrain de circulation entre les disciplines, les âges, les horizons. Un lieu où l’on peut passer, rester, revenir. Regarder danser. Essayer un trick. Croiser une fresque. Écouter un concert. Et simplement être là.