Dans sa maison de Gémozac, au sud de Saintes, Philippe Deblaise possède une bibliothèque, large comme deux bras écartés, qui invite l’œil du visiteur. Une bibliothèque de livres anciens, il faut préciser, car le maître des lieux n’aime rien de mieux que cette bibliophilie, au point d’être aujourd’hui un libraire d’ancien, après avoir laissé le soin à ses fils de s’occuper du vignoble familial, concomitamment de l’élevage de chevaux arabes d’endurance, bien que l’heureux sexagénaire veille encore sur le cheptel équin dès potron-minet.
Le travail de la matinée prend ensuite rapidement un autre chemin. Il s’articule différemment, selon les jours et les occupations. La passion de la lecture n’est toutefois jamais loin, comme celle des livres et de l’écriture. Le dernier roman de Philippe Deblaise, « Incunable », en témoigne.
« Incunable » désigne un ouvrage qui date des débuts de l’imprimerie, antérieur à l’an 1500. L’ouvrage du Gémozacais se lit sur 137 pages. Il prolonge un précédent livre, sorti en 2021 (Éditions Liralest/Le Pythagore) sur Nicolas Jenson, typographe français de renom qui a exercé à Venise au XVe siècle : il est l’inventeur du caractère romain. Les historiens de la typographie considèrent le romain de Jenson comme un des plus parfaits caractères d’imprimerie jamais gravé. Dans la cité des Doges, le Français dirigea une des plus importantes imprimeries d’Europe.
Dans « Incunable », Philippe Deblaise raconte l’histoire d’une bible en quatre volumes convoitée par un richissime collectionneur new-yorkais. « Celui-ci montre au final la part de folie qu’il y a dans tout collectionneur, d’autant plus quand on a d’énormes moyens financiers à sa disposition », raconte l’auteur, tombé tout petit dans la lecture. « Je tannais mes parents pour qu’ils m’achètent des séries. Je me souviens de nouvelles de Maupassant par exemple. » Lecteur, auteur, Philippe Deblaise n’en est pas moins un collectionneur invétéré, mais sans la folie de son personnage de roman.