Une piste cyclable nommée Paul Varry à Paris, afin de sensibiliser contre la culture du «virilisme routier»

Juil 10, 2025 | Paris

Violences routières

Une piste cyclable nommée Paul Varry à Paris, afin de sensibiliser contre la culture du «virilisme routier»

Pour la première fois dans la capitale, une voie cycliste a été baptisée ce mercredi 9 juillet : elle porte le nom du militant du vélo écrasé par un automobiliste en octobre. L’occasion pour les élus parisiens d’affirmer leur volonté de réduire la place de la voiture en ville.

publié le 9 juillet 2025 à 21h06

Un hommage fort au cycliste parisien de 27 ans Paul Varry, tué par un automobiliste en SUV après une altercation le 15 octobre, boulevard Malesherbes, dans le VIIIe arrondissement de Paris. La maire de la ville, Anne Hidalgo, a inauguré ce mercredi 9 juillet une piste cyclable qui porte son nom rue Réaumur, dans le IIIe arrondissement, en présence de sa famille, ses proches, de militants cyclistes, et de nombreux élus locaux et nationaux de Paris.

C’est la première fois qu’une piste cyclable de la capitale est dénommée. Un nom qui résonne comme un symbole, mais aussi et surtout comme un engagement politique pour l’exécutif parisien. Ariel Weil, maire de Paris Centre (les Ier, IIe, IIIe et IVe arrondissements de Paris), s’est exprimé le premier lors de cet hommage qui s’est tenu au Musée des arts et métiers, appelant à «une véritable révolution» des méthodes de transport dans la capitale au profit du vélo et des piétons.

L’élu socialiste, qui a personnellement choisi cette piste cyclable, a salué la mémoire de Paul Varry en décrivant une vie d’engagement pour les droits des cyclistes, rappelant comment ce dernier s’était mobilisé pour voir naître cette piste qui porte à présent son nom. «J’aurai le souvenir de Paul à chaque fois que je vais prendre cette piste. J’ai de la joie à penser aux vies des cyclistes et des piétons qu’il va sauver avec.»

Lutter contre la «banalisation» des violences

Anne Hidalgo a également pris la parole pour rappeler que la mort de Paul Varry est avant tout un «assassinat». Conséquence d’une culture du «virilisme routier». «Des violences automobiles, il y en a tous les jours et nous devons sortir de cette banalisation», a-t-elle martelé. La maire de Paris a rappelé sa volonté de réduire toujours plus le nombre de voitures sur les routes de la capitale au profit de plus de place pour les vélos et les piétons. Une volonté qui prend autant appui sur un aspect sécuritaire que sur la protection de l’environnement.

Une plaque a été dévoilée rue Réaumur sur le premier tronçon de cette piste sur laquelle on pouvait lire «militant du vélo» sous le nom et la date de naissance de Paul Varry. Celui-ci était très engagé dans la vie politique locale pour démocratiser le vélo, les voies dédiées et trouver des solutions pour un meilleur partage de la chaussée entre cyclistes et automobilistes.

La présidente de l’association de cyclistes Paris en selle, Anne Monmarché, dont il était un membre actif, s’est aussi exprimée lors de la cérémonie. «Paul était habitué des violences des automobilistes. Notre société a trop longtemps subi la violence motorisée. Cela doit devenir inacceptable», a-t-elle insisté. Parmi la cinquantaine de personnes présentes dans l’assistance, les casques de vélos accrochés à la ceinture étaient nombreux. L’émotion était palpable chez certains d’entre eux.

«Réduire encore par deux la circulation automobile»

Pour David Belliard, adjoint à la mairie de Paris en charge des mobilités, rendre hommage à Paul Varry était «très important, car c’est d’abord un hommage à un cycliste assassiné par un automobiliste de manière délibéré». C’est aussi l’occasion de «rappeler que la question de la violence routière est un combat de tous les instants et qu’il est nécessaire de continuer à agir», assure-t-il à Libération.

L’élu écologiste, qui se déplace à vélo dans les rues de Paris, connaît très bien l’animosité qu’il peut y avoir entre cyclistes et automobilistes dans la capitale : «Il y a plein de fois où je me sens en sécurité, par exemple quand je suis sur des pistes cyclables sécurisées. Mais il y a plein de moments où je me sens très inconfortable ou même en insécurité. Surtout quand je me retrouve dans la circulation sans aucune protection, que ce soit dans les carrefours ou quand des voitures sont garées sur les pistes cyclables.»

David Belliard pointe notamment du doigt les gros véhicules qui roulent dans Paris, et en particulier les SUV. Le 22 novembre, le Conseil de Paris demandait au gouvernement d’interdire leur circulation en ville. Une proposition que l’adjoint défend toujours aujourd’hui. «Ces gros véhicules qui sont plus hauts, qui ont des angles morts plus importants, sont davantage dangereux en ville. Et donc je suis pour qu’on arrête avec ces véhicules au sens large en ville. Ils sont en plus anti-écolo en polluant l’air et n’ont rien à faire dans une métropole comme la capitale», affirme-t-il. L’élu milite pour «qu’un enfant puisse faire du vélo en toute sécurité et une ville de demain où il y aura encore moins de voitures qu’aujourd’hui». Candidat à la mairie de Paris en 2026, il souhaite «réduire encore par deux la circulation automobile» dans la capitale.

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