« Vous n’avez aucune véritable réflexion en profondeur sur votre consommation de cocaïne et sur les faits. Vous portez certainement une blessure, une souffrance personnelle sur lesquelles vous aurez un travail à faire. Tant que vous n’avez pas fait ce travail, il y a un risque pour la société. » Voilà comment Franck Wastl-Deligne, président de la cour d’assises de la Charente-Maritime, basée à Saintes, justifie les dix ans de réclusion criminelle prononcés ce lundi 30 juin envers Gaël Petit.
Il avait 23 ans, le 15 janvier 2019, quand il s’était présenté à 1 heure du matin, embrumé par l’alcool et la cocaïne, au domicile de sa cousine, au Château-d’Oléron. Celle-ci était en vacances sur une autre île, en Guadeloupe. Il savait qu’il allait se trouver seul avec sa compagne, alors âgée d’à peine 19 ans. Le soir même, elle avait porté plainte, racontant qu’il s’était imposé dans son lit, jusqu’à parvenir à une pénétration digitale et pénienne, malgré des refus réitérés.
« Il est sur le fil »
« Gaël Petit est un pervers. Les femmes ne sont que des jouets au service de ses envies », attaque Me Charles-Emmanuel Andrault. L’avocat de la partie civile rappelle qu’il avait été poursuivi pour viol en réunion en 2015, après s’être introduit au petit matin chez une jeune femme qui avait été ramenée chez elle dans un état second. « Il aurait dû sentir le vent du boulet et réfléchir sur la notion de consentement. » Une notion que lui avait clairement signifiée une autre victime de ses assauts, le 3 janvier 2019. Elle aussi avait engagé une procédure pour viol avant de choisir d’y renoncer pour se protéger.
« C’est une histoire très troublante. Vous avez un dossier pas très solide, on va piocher dans d’autres procédures pour convaincre. Gaël Petit n’a pas une once de subtilité. Il est gras, il est lourd, il est insistant. Il est sur le fil. Mais on ne peut pas se contenter de dire qu’il est sur le fil pour le condamner », objecte Me Olivia Pieri pour la défense. Elle tente de pointer des ambiguïtés dans le comportement de la victime. « Est-ce que Gaël Petit pouvait se rendre compte qu’elle n’était pas consentante ? »
Théorie du complot
« Devant vous, Gaël Petit s’est présenté comme une victime. Sa thèse du complot n’est en rien étayée par les investigations », pourfend l’avocate générale, Agnès Lengagne. À ses « déclarations évolutives », elle oppose le discours de la jeune femme, « qui n’en rajoute pas », dont l’attitude exprime la sincérité. « Son seul tort est d’avoir accordé sa confiance à un homme qui n’en était pas digne. »
Plus de six ans après les faits, l’accusé ne s’est pas remis en cause, et a enchaîné six condamnations, dont une pour violences dans le cadre familial. L’avocate générale demande une peine de dix ans de réclusion, avec un suivi sociojudiciaire et une injonction de soins, ainsi que l’interdiction de paraître sur l’île d’Oléron tant que la victime y résidera. Le jury populaire la suit dans ses réquisitions, en rabaissant seulement la peine en cas de non-exécution des conditions de cinq à trois ans d’emprisonnement.