Les images de la première exposition dédiée à Paul Poiret au musée des Arts décoratifs à Paris

Juin 26, 2025 | Paris

Paris – Pour la première fois, Paul Poiret, figure de
la haute couture du début du XXe siècle qui a révolutionné la mode en
définissant une nouvelle esthétique du corps féminin, fait l’objet d’une
exposition au musée des Arts décoratifs à Paris.

« Christian Dior disait que Paul Poiret avait tout bouleversé dans la mode
et Elsa Schiaparelli le comparait au Léonard de Vinci de la couture »,
explique la commissaire de l’exposition, Marie-Sophie Carron de la Carrière,
pour résumer l’importance de ce créateur moins connu du grand public.

Après avoir fait ses armes à la fin du XIXe siècle auprès du couturier
Jacques Doucet puis de la maison Worth (à l’honneur au Petit Palais, également
à Paris), Paul Poiret ouvre sa propre maison de couture en 1903.
Sa collection de 1907, dont les robes du soir sont présentées en début
d’exposition, marque une rupture avec l’esthétique de l’époque.

Keystone (agence  photographique) — Der Bart aus Nägeln (La  barbe de clous) Paris, 1931 Tirage gélatino-argentique.
Paul Poiret. Keystone (agence photographique) — Der Bart aus Nägeln (La barbe de clous) Paris, 1931 Tirage gélatino-argentique. Credits: © Les Arts Décoratifs

« C’est vraiment sa collection révolutionnaire », abonde Mme Carron de la
Carrière. « Entre la fin du XIXe et le tout début du XXe siècle, la femme porte
le corset. Lui va vouloir changer les choses, les révolutionner. Il est ouvert
à la nouveauté et va définir une nouvelle esthétique », raconte-t-elle.

Fini les corsets et la silhouette en S, la taille est haute et les tissus
fluides. « Une légèreté qui n’existait pas jusqu’alors », selon la commissaire
de l’exposition.
« L’époque change et la femme va être plus libre, aussi dans ses
mouvements », résume-t-elle.

Paul Poiret — Veste de travail ayant  appartenu à Paul Poiret vers 1920. Toile de lin imprimée  d’après un dessin  de l’Atelier Martine. / Paul Poiret — Robe du soir Paris, 1910.
Paul Poiret — Veste de travail ayant appartenu à Paul Poiret vers 1920. Toile de lin imprimée d’après un dessin de l’Atelier Martine. / Paul Poiret — Robe du soir Paris, 1910. Credits: © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

Intitulée « Paul Poiret. La mode est une fête », cette rétrospective permet
aux visiteurs de découvrir plus de 550 oeuvres et objets, provenant en majeure
partie des collections du musée parisien.

« C’est la première fois que nous exposons un tel un trésor, composé à la
fois de vêtements, de costumes, d’accessoires de mode, mais aussi d’arts
décoratifs, de dessins, de papier peint, de photographies », se réjouit Mme
Carron de la Carrière, soulignant que certaines pièces n’avaient jusqu’alors
jamais été présentées au public.

Delphi — Dépôt de modèle  Paul Poiret 1920-1921 vers 1945.
Delphi — Dépôt de modèle Paul Poiret 1920-1921 vers 1945. Credits: © Les Arts Décoratifs
Paul Poiret — Manteau du soir Paris, vers 1910 Gros de Tours liseré  à décor broché de fils  doré or et de lames  argent, taffetas  changeant, passementerie  et métal argenté.
Paul Poiret — Manteau du soir Paris, vers 1910 Gros de Tours liseré à décor broché de fils doré or et de lames argent, taffetas changeant, passementerie et métal argenté. Credits: © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

Chronologique et thématique, le parcours propose un voyage dans le Paris du
début du XXe siècle, de la Belle époque aux Années folles. Et retrace
l’évolution du style du couturier, influencé par son temps.
Marqué par la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il est mobilisé,
Paul Poiret retrouve ensuite l’inspiration grâce à ses voyages et aux fêtes
qu’il organise, symboles de l’entre-deux-guerres.

Le créateur se met à habiller toutes les plus grandes comédiennes qui se
produisent dans la capitale. « Ce sont les it girls de l’époque, les égéries,
et le théâtre était un moyen de diffuser la mode », explique la commissaire de
l’exposition.

Les deux étages consacrés au couturier, ponctués d’oeuvres d’artistes
l’ayant accompagné au long de sa carrière, mettent aussi en avant ses
multiples facettes: Paul Poiret était peintre, comédien, écrivain, gastronome
et musicien.

« Il avait cette vision transversale de la création. La création qui
concerne la mode mais qu’il met en contact avec la décoration intérieure, la
parfumerie, les arts de la scène, le spectacle, la fête, l’animation », indique
Marie-Sophie Carron de la Carrière.

Des pièces de Kenzo, Karl Lagerfeld ou Yves Saint Laurent montrent
également l’influence durable de Paul Poiret, qui traverse les époques et les
silhouettes de nombreux créateurs.
Les visiteurs peuvent découvrir cette exposition jusqu’au 11 janvier.

Delphi — Denise Poiret portant  la robe Mythe ou Faune de Paul Poiret 1919 Tirage gélatino-argentique.
Delphi — Denise Poiret portant la robe Mythe ou Faune de Paul Poiret 1919 Tirage gélatino-argentique. Credits: © Les Arts Décoratifs
George Barbier — Couverture du magazine  Les Modes Avril 1912 Paris, Manzi, Joyant  et Cie, 1912 Héliogravure.
George Barbier — Couverture du magazine Les Modes Avril 1912 Paris, Manzi, Joyant et Cie, 1912 Héliogravure. Credits: © Les Arts Décoratifs
Maitrepierre — Manteau, Viktor Sculpture portable  de Gracelee Lawrence, Bouquet Lainage imitant l’astrakan  et sculpture 3D imprimée  en PLA biodégradable  (polymère biodégradable  à base d’amidon de maïs,  betterave et de blé).
Maitrepierre — Manteau, Viktor Sculpture portable de Gracelee Lawrence, Bouquet Lainage imitant l’astrakan et sculpture 3D imprimée en PLA biodégradable (polymère biodégradable à base d’amidon de maïs, betterave et de blé). Credits: © Alphonse Maitrepierre