Alain Navarro – Fondateur du Festival Pause Guitare à Albi – « Mon moteur a été de ne pas décevoir mon épouse »

Juin 24, 2025 | Albi

Cet homme est dingue. D’une idée contrainte, « mon épouse s’est retrouvée au chômage », il décide de relever le gant et d’écrire à ses côtés, une histoire folle, celle du Festival Pause Guitare. En 97, il se remet à la guitare et décide de faire venir l’un des plus grands guitaristes du moment Roland Dyens. « On ne savait pas s’il y avait des agents. On a juste trouvé son adresse perso. Ma femme lui a écrit quasi une lettre d’amour et il nous a dit banco je viens ! C’est avec lui que tout a vraiment commencé. » En 1997, dans leur village, le couple organise une soirée autour de la guitare et un repas. « 200 personnes sont venues. Ca nous a donné l’envie de remettre le couvert ! » Alain sourit. A l’époque, avec son épouse, ils comptent sur les recettes pour payer les musiciens. « Plus personne ne compte sur la billetterie pour payer les artistes aujourd’hui. »

Alice Cooper
Alice Cooper – Jean-Luc Clercq-Roques

Les années avançant, un emploi est crée pour Annie au sein de l’association Arpèges et trémolos, puis 2, puis 3. Aujourd’hui, le festival en compte 11 et quelques 1.800 bénévoles. L’aventure est humaine autant qu’elle est familiale et physique. « J’ai été possédé par ça », reconnaît Alain qui s’apprête à passer la main. « Mon moteur, c’était mon épouse. Ne pas la décevoir. » En 30 ans, le coeur a faibli, un ulcère et un cancer sont passés par là. Un festival ça use. Mais les têtes d’affiches ont été là et le sont encore. Moustaki, Charlélie Couture, Higelin pour les Françaises. Sting, Bob Dylan, Patti Smith pour les internationales. « Quand Patti Smith m’a demandé ce qu’elle devait faire pendant les 8 heures qu’elle était là, j’ai trouvé ça touchant. Quand je me suis retrouvé assis à côté de Moustaki, je me suis demandé ce que je foutais là ! J’étais très ému. »

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Concert Pause Guitare 2024
Concert Pause Guitare 2024 – Jean-Luc Clerq-Roques

Alain Navarro n’est pas une groupie. Il vient d’un milieu modeste. « On a eu beaucoup d’obstacles avec mon épouse, on ne nous a pas déroulé le tapis rouge. » La musique, il l’a découverte au moment de l’adolescence. « La musique est liée à la rébellion chez moi. Et donc avec le rock. » A 69 ans, un regard en arrière. « L’aventure a été belle. Il faut casser le totem et la laisser à d’autre. » La relève s’appelle Marine Peyroux, une jeune femme de 35 ans, qui a fait ses premières gammes à Albi en tant que stagiaire. « Elle est bienveillante et elle a un cerveau comme ça. » Alain Navarro se dit fier de passer la main à une femme. « Dans le monde des festivals, c’est rare. » Marine acquiesce. « Ce matin j’ai géré plein de conflits » dit-elle. Alain sourit. Il semble loin. Que fera t’il le 5 juillet lors du dernier concert ? « J’ai dit à l’équipe que je n’irais pas en tant que patron du festival. J’irais pour moi. Je veux le vivre personnellement. Je veux pouvoir pleurer. »

Pour ceux qui voudraient aller faire un tour à Albi au festival Pause Guitare, par ici la programmation.