Saint-Pée-sur-Nivelle à la Une : quel avenir pour les ruines du château et ses dépendances, en vente ?

Juin 23, 2025 | Saint-Pée/Biarritz

Aux dernières nouvelles, le château de Saint-Pée-sur-Nivelle, propriété depuis 1979 de l’artiste luzien Édouard Solorzano, chaque année un peu plus envahi par la végétation, serait en vente. Selon les informations parvenues jusqu’au maire, l’avenir de ce bien peu ordinaire qui témoigne du riche passé militaire et diplomatique de la commune aurait été récemment confié aux bons soins d’une agence immobilière. La transaction se fera-t-elle ? Pas sûr.

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Officiellement née en 1790, la commune de Saint-Pée-sur-Nivelle, ex Saint-Pée-d’Ibarren, a toujours joué un rôle influent à l’échelle du Labourd. Et même au-delà. L’ancienne place forte militaire fait désormais face à d’autres grands défis

Une visite express de ce lieu chargé d’histoire, dernier vestige de la grande époque seigneuriale de Saint-Pée, trop souvent visité ou squatté, permet en tout cas d’en douter. Non seulement il ne reste quasiment rien de l’édifice d’origine. Mais ce qui reste prend davantage l’allure d’anciens temples cambodgiens, avec des pierres grignotées par la végétation, et des pans entiers qui menacent à tout moment de s’effondrer.

Une balade commentée sur l’histoire des sorcières avait permis de s’approcher des ruines, invisibles depuis la voie publique.
Une balade commentée sur l’histoire des sorcières avait permis de s’approcher des ruines, invisibles depuis la voie publique.
Archives Jean-Daniel Chopin/SO

Demeurent les jolies dépendances longtemps utilisées par le peintre, sculpteur et poète pour réaliser et exposer ses œuvres, ajoutées au tout début du XVIIIe siècle, connues sous le nom de Jaurregia. Le préposé à la vente devra toutefois notifier à un éventuel acquéreur que la parcelle voisine du stade municipal est située sur une zone inondable, classée en rouge sur le plan de prévention du risque inondations…

Un centre d’interprétation ?

La situation, qui n’est pas bien vécue par le propriétaire, fait également mal au cœur aux Senpertars férus d’histoire. Elle désole aussi un peu, bien sûr, le maire. Bernard Elhorga a rencontré Édouard Solorzano à deux reprises afin d’étudier une autre issue. « Je lui ai fait la proposition de faire un centre d’interprétation autour de l’histoire du château et de la culture basque, avec une mise en valeur de son travail. Mais les finances de la commune sont contraintes », confie-t-il.

Le château dans la première moitié du vingtième siècle.
Le château dans la première moitié du vingtième siècle.
DR

Au moins deux associations locales étaient volontaires pour participer à une réhabilitation. L’intérêt et les idées étaient là, certaines en lien avec un château de Navarre qui imaginaient y faire des fouilles. Mais seule une acquisition pour l’euro symbolique aurait permis de regarder plus loin…

Édifié en 1403

Édifié en 1403 par la famille de Amezqueta, le château de Saint-Pée-sur-Nivelle est l’un des derniers témoins des constructions militaires du XVe siècle en Labourd. D’un point de vue architectural, il est rapporté que la tour était primitivement à deux étages et que les créneaux anciens ont été remontés au troisième étage d’une construction plus récente. Les meurtrières plus étroites du XVe siècle, dont il reste deux exemples au deuxième étage, avaient été remplacées au XVIe siècle par des fenêtres à meneaux.

« Rien à en dire »

« Malheureusement ça ne s’est pas fait. Mais je ne désespère pas d’arriver à garder ça dans le domaine public parce que, même s’il tombe en ruine, c’est notre culture et c’est notre histoire. Et celle-ci ne se résume pas à celle du juge de Lancre et des sorcières », commente Bernard Elhorga.

Édouard Solorzano, confronté à d’autres épreuves impérieuses, n’a eu ni le cœur ni l’énergie pour en dire plus. Joint par téléphone, l’artiste de 88 ans contestait l’idée même d’en parler dans nos colonnes. « Ce n’est pas le moment. À ce stade il n’y a rien à en dire », a-t-il confié depuis la rue Loquin de Saint-Jean-de-Luz.