Par
Noe Davenas
Publié le
10 juin 2025 à 18h19
« Vous vous sentez étrangers dans votre propre pays », « nous ne voulons pas de cette Europe-là », « partout, l’Europe cessera d’être une hôtesse d’accueil ». Les représentants politiques défilent au micro pendant la Fête de la Victoire, à Mormant-sur-Vernisson (Loiret), lundi 9 juin 2025. À la tribune, onze représentants du groupe « Les Patriotes » prennent la parole, chacun, et livrent leur vision de ce que pourrait être une « Europe des identités ». De français à hongrois, les éléments de langage sonnent à l’unisson.
La « submersion migratoire » et reprise de la théorie du grand remplacement

Chaque invité était appelé à passer à tribune pour la Fête de la Victoire, où le groupe des Patriotes célébrait le premier anniversaire du score historique obtenu aux élections européennes, le 9 juin 2024. « Cela tombait le jour de la Pentecôte, où le Sacré Saint descendait vers les premiers chrétiens », raconte Marine Le Pen.
Viktor Orbán, une amitié avec Marine Le Pen qui « n’a jamais trahi »
Dans leur prise de parole respective, les représentants français et le représentant hongrois se renvoient leurs signes d’amitié. « Marine est quelqu’un qui n’a jamais trahi », commence Viktor Orbán, au micro. Connu pour ses prises de position anti-LGBT, sa proximité avec Vladimir Poutine, à qui il rendait visite sur fond de guerre en Ukraine en 2024 et sa gestion très sévère de l’immigration, le premier ministre hongrois promet même à l’ancienne candidate aux présidentielles de 2022, sur la chaîne de nos confrères de LCI, son aide en cas de victoire en 2027. « Je l’aiderai volontiers à créer un budget pour le cycle à venir » et éviter de « dépenser de l’argent pour la guerre ».
Marine Le Pen lui a rendu la pareille peu de temps après à ce même micro. Fière de sa présence, « la Hongrie de Viktor Orbán a toujours été un modèle, nous sommes fiers d’être à ses côtés », convient la cadre du Rassemblement National.
Les prises de parole ont commencé à midi. Le ton est donné, dès les premières paroles, où l’immigration est pointée du doigt. Chez l’eurodéputé estonien aussi, Martin Helme, assurant que le peuple français se sent comme « étranger dans (son) propre pays ». Une phrase typiquement empruntée à la théorie complotiste du « grand remplacement » selon laquelle les peuples européens seraient remplacés par les arrivées massives de migrants. Une théorie passée sous le terme de « submersion migratoire » par le représentant estonien.
À cette théorie, Viktor Orbán y ajoute, quelques temps après, qu’il existerait « un échange organisé de populations pour un remplacement du socle culturel européen ».
Propos xénophobes sans commune mesure

Parmi les phrases xénophobes et assumées, Viktor Orbán, premier ministre hongrois et membre des Patriotes, continue sur sa lancée. Il met en garde de l’arrivée des migrants qui pourraient « violer nos filles et nos femmes », fustige-t-il. Une phrase qui n’a pas attendu pour recueillir les applaudissements éclatants de la foule.
Après lui, Santiago Abascal, président du groupe des Patriotes et président du parti Vox en Espagne, prend en exemple Jeanne d’Arc, « la guerrière face à l’invasion anglaise », soutenant ses propos sur l’invasion de l’immigration extra-européenne. Une Europe « hôtesse d’accueil » que tous les orateurs ont dénoncé.
Un refus de « l’Europe de Macron » pour le camp français

Pour la députée du Rassemblement National, il faudra s’attaquer à l’Europe qui materne, repris sous l’expression d’« Europe nounou ». C’est aussi vers le président français que Marine Le Pen a dirigé son discours. Dénonçant tantôt « l’Europe de Macron », tantôt « l’Europe d’Ursula von der Leyen, nous prônons une Europe des Nations ».
Nous ne souhaitons pas sortir de l’Europe. Nous voulons sortir de cette Europe là ! Nous ne voulons pas quitter la table, nous voulons finir la partie et la gagner.
Jordan Bardella prend la parole, pour le grand final. Là aussi, l’Union européenne actuelle en prend pour son grade. Pourtant, l’angle du discours semble plutôt parler au peuple français en particulier. Il mentionne les problématiques du territoire, s’attaque à Bruno Retailleau au sujet des violences survenues après la victoire du Paris Saint-Germain célébrée sur les Champs Élysées… Une soirée catastrophe qui « aurait dû mener à la démission du Ministre de l’Intérieur », estime-t-il.
À lire aussi
Dans les carrés de spectateurs et de la presse, on dira là que ce fut « un discours plutôt présidentiel », pour cette dernière prise de parole, achevée avant une pause musicale, sur la plaine de Mormant-sur-Vernisson.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.