Urrugne : « Le chemin a été long », l’Urruñako ikastola célèbre 30 ans d’apprentissage en euskara

Juin 10, 2025 | Saint-Pée/Biarritz

Cela fait trente ans que l’Urruñako ikastola dispense un apprentissage en euskara à Urrugne. Afin de marquer cet anniversaire, Bernadette Berra, la toute première institutrice, et Ana Mari Imaz, à l’époque parent d’élève, accompagnée de sa fille Nahia, ont partagé avec « Sud Ouest » leurs souvenirs des premiers jours d’école et la belle aventure qui dure depuis trois décennies.

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« Nous étions quelques parents qui souhaitaient un enseignement en langue basque pour nos enfants. Mais le chemin a été long avant la première rentrée », se souvient Ana Mari. Bernadette a apporté photos et articles de presse d’époque. « L’Association des écoles privées catholiques nous avait mis à disposition une salle paroissiale, sous le cinéma, pour nos 12 élèves », explique-t-elle.

« Nous avions même les enfants des instituteurs des écoles publiques et privées »

Le conseil d’administration de l’association avait voté par une seule voix d’écart l’utilisation de la salle par l’ikastola. Dans cette petite pièce, sans toilettes, un rideau séparait le coin enseignement et le coin sieste. « On faisait la cantine à midi et les lits étaient mis juste pour faire dormir les enfants », revoit encore l’institutrice.

Validé par l’inspecteur

Quand, dès la première année, Bernadette Berra reçoit la visite de l’inspecteur d’académie, elle avait peur que le WC à la turque, à l’extérieur, ne plaise guère au fonctionnaire. Finalement, le contrôle s’est bien passé. « Nous avions démontré par cette première rentrée qu’il y avait une place à Urrugne pour un enseignement en langue basque », rappelle Ana Mari. « Nous avions même les enfants des instituteurs des écoles publiques et privées », précise dans un sourire enjoué la sympathique Bernadette.

La salle a vite été trop petite. Un préfabriqué a donc été installé à côté pour accueillir une deuxième classe. « La commune nous avait laissé le terrain pour 1 franc symbolique. Mais nous savions qu’il nous fallait une école en dur », prolonge l’institutrice. Une grande campagne de sensibilisation à l’utilité de l’ikastola a alors été lancée auprès des Urruñar.

Aidés et soutenus par toutes les personnes influentes de la commune, les parents d’élèves ont distribué dans les boîtes aux lettres des cartes expliquant le mode d’enseignement. « Nous avions montré les enfants avec les grandes figures d’Urrugne », revit Bernadette.

La grande famille de l’ikastola a ensuite déployé toute son énergie pour récolter les fonds manquants. « L’un de nous avait notamment eu l’idée de vendre 1 000 galets à 400 francs, représentant les 1 000 pierres de l’école, avec un certificat », relève Ana Mari.

« De superbes souvenirs »

L’entraide a fonctionné. Des municipalités du Pays basque espagnol ont ensuite mis leurs ouvriers à disposition pour mener à bien la construction. Les parents étaient là pour aider. « Bernadette gardait les enfants pendant que les parents travaillaient sur le chantier. Certains cuisinaient pour nourrir tout ce monde », acquiesce encore Ana Mari.

Trente ans après, chacun réalise le chemin parcouru : la longue lutte auprès des autorités, l’entraide et à la clé de « superbes souvenirs ». Comme celui de Nahia, la fille d’Ana Mari, qui faisait partie des 12 premiers élèves et se souvient « des belles sorties scolaires chez Bernadette ».

Aujourd’hui, l’école compte 105 élèves, de la maternelle au primaire. « Cette histoire n’est pas neutre. C’est un héritage qui nous donne une responsabilité de faire vivre l’ikastola, de la développer », conclut Unai Villacorta, enseignant de CE2-CM1.