Jules Verne : un spectacle fantastique et immersif au Grand Hôtel des Rêves à Paris

Juin 10, 2025 | Paris

En 2018, une bande de saltimbanques investissait un lieu éphémère dans le 5e arrondissement, prêté par un promoteur immobilier, pour y jouer Helsingor, château d’Hamlet. Pendant six mois, Le Secret a ainsi accueilli l’une des premières troupes de théâtre immersif avant de fermer pour être transformé en hôtel de luxe.

Pas très loin de là, rue du Cardinal-Lemoine, un nouvel endroit emblématique, Le Grand Hôtel des Rêves, a ouvert ses portes il y a neuf mois à peine, en octobre 2024. À l’origine, c’est un hôtel particulier, un peu endormi, comme dans les châteaux des contes de fées.

Clos depuis le Covid, il accueillait des séminaires. Président de la société de production Polaris, Charles Mollet met en scène depuis dix ans des spectacles immersifs dans des lieux patrimoniaux, différents à chaque fois. « Quand j’ai débuté, j’avais 25 ans et très peu de moyens. Je me suis dit que si j’allais jouer dans un château, j’aurais un décor naturel à disposition. Mais comme les pièces sont étroites, j’étais obligé de composer des petits groupes qui allaient se suivre les uns à la suite des autres. »

Un voyage dans le temps, à l’aube des grandes découvertes

C’est à l’issue d’une représentation sur la montagne Sainte-Geneviève qu’une spectatrice vient à lui : elle possède l’hôtel Charles Le Brun (le futur Grand Hôtel des Rêves) et les invite à se produire chez elle. « Les espaces étaient vides mais il avait gardé son authenticité. Il était facile de redonner une âme à cet endroit. Cela nous a permis de créer des spectacles dans la durée et d’offrir des décors encore plus ambitieux. »

Trouver un lieu est souvent la pierre angulaire de l’immersif, par principe déambulatoire, dont le déploiement demande de la place. Depuis son ouverture, 100 000 spectateurs sont venus évoluer dans les murs du Grand Hôtel des Rêves pour découvrir les pièces La Belle et la Bête et La Véritable Histoire du Père Noël (repris en fin d’année). « On ne se bat plus contre une balade en forêt mais contre les réseaux sociaux, des voyages à l’autre bout du monde, des jeux en réalité virtuelle. L’offre de divertissement est tellement gigantesque aujourd’hui. Un lieu de patrimoine, pour séduire, doit chercher l’originalité. »

La suite après cette publicité

Le nouveau spectacle à l’affiche, Le Voyage extraordinaire de Jules Verne, n’en manque pas. La visite commence au sous-sol, où le public est accueilli par l’écrivain à la barbe grisonnante, sollicité par une journaliste. Elle se poursuit au fil des pièces, au premier étage, où des comédiens mettent en situation l’homme et la fiction. Ainsi, dans leur promenade, les spectateurs passent du studio du photographe Nadar, où surgit l’idée du Tour du monde en quatre-vingts jours, au Nautilus, le sous-marin de Vingt Mille Lieues sous les mers, fidèlement reproduit, à une conférence sur l’astronomie, en référence à Cinq Semaines en ballon.

Huit scènes racontent son œuvre, nourrie par sa curiosité et ses intuitions géniales, à l’aube des grandes découvertes scientifiques. Les décors, soignés jusqu’aux moindres détails, sont impressionnants, d’une montgolfière suspendue à un salon de thé d’hiver. Entre théâtre et tableau animé, chaque saynète s’ouvre telle une boîte magique où Phileas Fog, le capitaine Nemo, ces aventuriers légendaires, reprennent vie, un peu comme Tintin au pays de Jules Verne. Le voyage en vaut le détour. 


« Le Voyage extraordinaire de Jules Verne » au Grand Hôtel des Rêves (Paris 5e). 1 heure. Jusqu’à début novembre. legrandhoteldesreves.fr