« Les gens étaient choqués » : meeting du Rassemblement national dans le Loiret, des SMS, pas toujours appréciés, ont été envoyés aux habitants

Juin 7, 2025 | Montargis

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Il est un peu plus de 16h ce 26 mai, lorsque plusieurs dizaines de téléphones d’habitants de l’Est du Loiret reçoivent ce même SMS : « Ce 9 juin, participez au meeting Patriots.eu dans le Loiret avec Marine Le Pen, Santiago Abscal, Viktor Orban et bien d’autres« . Une invitation à se rendre au grand rassemblement de l’extrême droite européenne organisé à Mormant-sur-Vernisson, dans le Montargois, ce lundi 9 juin.

Le contenu du SMS envoyé par le groupe Les Patriotes aux habitants de l'est du Loiret.
Le contenu du SMS envoyé par le groupe Les Patriotes aux habitants de l’est du Loiret.

© DR

Situation plutôt cocasse : parmi les destinataires du texto, plusieurs militants de gauche réunis ce jour-là en collectif associatif et syndical, en vue notamment, de préparer un contre-évènement à ce rassemblement. « Une dizaine de présents ont dit avoir reçu dans la journée ce SMS de l’extrême droite », détaille Bruno Nottin, élu montargois PCF.

Les gens étaient choqués. Étant des militants de gauche, ils ont ressenti cela comme du harcèlement. On vient vous chercher un peu dans votre intimité.

« Ça a été très mal vu, très mal perçu, poursuit-il. Ça fait très intrusif. Et puis ça vient de l’extrême droite pour un rassemblement des pires de l’extrême droite européenne. »

Ce n’est pas la première fois que l’envoi de SMS est utilisé par un parti politique à des fins de propagande. La méthode a déjà été largement employée lors de scrutins électoraux, que ce soit pour les élections européennes comme pour les législatives, et par des candidats de tout bord.

Contacté, le député RN du Loiret Thomas Ménagé explique que ce SMS a été envoyé par le groupe Les Patriotes. « C’est une grosse machine », explique-t-il, et bien qu’étant promoteur officiel du meeting sur le territoire, il confesse n’être « pas au courant » des actions choisies par le groupe européen pour communiquer sur l’évènement. « En tout cas, c’est légal », assure le député. « J’ai déjà fait ça en campagne électorale, on achète des listes de numéros. D’autres partis de gauche comme de droite l’ont fait. On a d’ailleurs recours en général au même prestataire pour le faire, une entreprise qui a pignon sur rue et qui respecte les normes RGPD etc… ».

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L’élu explique que les fichiers sont achetés en ciblant une zone géographique, « Ici, je crois que le SMS a été reçu dans le Montargois, le Gâtinais et aussi dans le Giennois. Il peut même y avoir des ratés puisque, si on s’est inscrit sur un site internet en donnant une adresse à Montargis et qu’on a ensuite déménagé dans le sud de la France, on peut aussi le recevoir », s’amuse-t-il. Selon lui, la méthode a plusieurs avantages. En plus d’être rapide, la communication « est moins coûteuse » qu’une distribution de tracts ou qu’une campagne d’affichage, « Elle est aussi plus écologique ».

La méthode peut sembler envahissante, mais n’est pas forcément illégale. Elle est cependant strictement encadrée par la CNIL, l’autorité chargée de la protection des données personnelles, qui stipule que tout message de nature politique doit respecter des règles de transparence. L’expéditeur doit également s’identifier clairement, indiquer comment il a obtenu les coordonnées du destinataire et surtout, permettre un désabonnement simple et immédiat. Par ailleurs, le destinataire doit avoir consenti à recevoir ces sollicitations. Ce consentement peut être donné en laissant ses coordonnées lors d’un meeting, sur un site de campagne, ou dans un formulaire, à condition qu’une mention explicite l’informe de l’usage prévu des données.

Au-delà de sa légalité, Bruno Nottin s’interroge sur l’aspect financier de l’opération. « La question que se posaient aussi beaucoup de gens, c’est : « est-ce que c’est financé par le contribuable européen ? » Si notre argent part dans de la communication d’extrême droite, déjà que le Rassemblement national vient d’être condamné pour avoir détourné des fonds publics du Parlement européen, ça fait mauvais genre ». Thomas Ménagé, lui, avoue essayer de ne pas abuser de cette stratégie de communication par peur « d’agacer les destinataires », mais tempère les critiques. « C’est comme tout. Les gens ne se plaignent pas si c’est un SMS qui provient de leur camp, mais s’offusquent quand ça vient du camp adverse ».