« Un été très compliqué » : au centre hospitalier Royan Atlantique, l’oncologie et les urgences toujours dans le dur

Mai 29, 2025 | Royan

Les semaines passent, mais rien ne se passe. Les demandes de renforts au service des urgences et en oncologie sont restées lettre morte au centre hospitalier Royan Atlantique. Si bien que la saison estivale va démarrer avec des effectifs fatigués et désabusés. Les soignants décrivent des conditions de travail compliquées avec des conséquences directes pour les patients.

Aux urgences, le patron du service Sauveur Méglio, qui intervient en tant que représentant syndical de l’Amuf (Association des médecins urgentistes de France), déplore « l’immobilisme » de l’Agence régionale de santé (ARS). « On nous avait promis des solutions en nous disant que la situation allait s’arranger mais on ne voit rien venir », constate celui qui misait sur le renfort de praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue). Or, aucun poste n’a pour l’instant été ouvert.

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« Notre nouvelle demande pour des Padhue non-lauréats du concours est restée lettre morte alors que nous entrons dans une période où l’activité va aller crescendo. Nous enregistrons déjà plus de 60 passages par jour aux urgences. Et ce n’est pas que de la bobologie. On nous demande si l’un des médecins étrangers concernés, qui est à l’hôpital depuis deux ans en tant que non titulaire, parle bien le français et est à temps plein chez nous. C’est ubuesque », se désole le praticien.

Fatima Belharizi se plaît déjà dans le service des urgences dirigé par le docteur Sauveur Méglio. Sauf qu’aucun poste n’a pour l’instant été ouvert.
Fatima Belharizi se plaît déjà dans le service des urgences dirigé par le docteur Sauveur Méglio. Sauf qu’aucun poste n’a pour l’instant été ouvert.
Ronan Chérel

Sans ces renforts, Sauveur Méglio annonce « un été très compliqué » alors « que des médecins seniors, découragés, veulent réduire leur temps de travail ». L’intéressé en appelle de nouveau aux élus. « Il faut taper du poing sur la table et demander des comptes à l’ARS », insiste-t-il.

Du côté de l’oncologie, la situation n’est pas plus flamboyante et est même inquiétante. Il y a bien une petite lueur d’espoir avec la création, en novembre 2025, de ce poste partagé entre l’institut privé Bergonié, à Bordeaux, et le service d’oncologie Saintes-Royan, mais pour l’instant aucune candidature n’est arrivée sur la table. Des réunions sont prévues avec l’ARS dans les jours qui viennent, mais sans garantie de trouver des solutions.

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L’effectif de ce service déjà partagé entre deux établissements hospitaliers va atteindre « un niveau de criticité majeur », obligeant à orienter des patients à Bordeaux ou Poitiers

« On réussit pour l’instant à maintenir une activité minimale à Royan avec une équipe fatiguée par un rythme excessif et anxiogène. On pose des rustines mais on ne sait pas jusqu’à quand on va tenir. Heureusement, l’équipe paramédicale et la direction de l’hôpital sont d’une grande aide », tient à souligner le Docteur Florence Borde-Mougenot, la cheffe du service qui se partage entre Saintes et Royan.

Le docteur Florence Borde-Mougenot, cheffe du service d’oncologie partagée entre les centres hospitaliers de Saintes et de Royan, attend désespérément une bonne nouvelle.
Le docteur Florence Borde-Mougenot, cheffe du service d’oncologie partagée entre les centres hospitaliers de Saintes et de Royan, attend désespérément une bonne nouvelle.
Ronan Chérel

La réalité de la situation est glaçante. « Avant, il y avait deux médecins oncologues tous les jours de la semaine à Royan. Aujourd’hui, il n’y en a plus qu’un seul deux jours par semaine et pas tout le temps. Les diagnostics de nouveaux cancers posent donc des soucis. On a du mal à dégager du temps pour s’occuper de ces patients que les médecins essaient de transférer ailleurs mais toutes les structures d’accueil en oncologie sont saturées », ne peut que noter la spécialiste.

Et pourtant, « l’hôpital de Royan fait tout pour attirer une perle rare avec un salaire de 600 euros net par jour et un logement de fonction pouvant accueillir une famille de quatre. La pénurie d’oncologue est telle qu’il n’y a pas de candidat. » Mais qu’ont fait, ou plutôt pas fait, les différents ministres de la Santé successifs pour en arriver là ?