La nouvelle station d’épuration de Saint-Pée-sur-Nivelle n’a pas attendu le parterre d’élus et de partenaires réunis, ce mercredi 28 mai, autour de ses bassins, pour démontrer ses qualités. L’ancien équipement, construit en 1975, bien trop près du lit de la Nivelle, avait vécu. Ses limites préoccupantes et les craintes d’un drame environnemental, qui planait au-dessus du quartier Helbarron depuis les crues fatales de 2007 imposaient de le repenser à la fois au regard du très grand accroissement de la population et des enjeux environnementaux.
Les 8,5 millions d’euros investis avec le soutien de l’État, de l’agence de l’Eau et du Département l’ont semble-t-il été à bon escient. La nouvelle infrastructure, qualifiée d’« exemplaire en matière d’innovation technique et environnementale » par Maider Arosteguy, vient même incarner « l’ambition de la Communauté d’agglomération pour l’assainissement au Pays basque », selon les mots de la vice-présidente de la CAPB.
La capacité de traitement des eaux usées a été relevée de 15 000 à 20 000 équivalents-habitants, la capacité hydraulique d’accueil a quasiment été triplée et un bassin tampon de 1 100 mètres cubes a été ajouté pour prévenir tout déversement dans la Nivelle, en cas de fortes précipitations. De gros progrès ont également été faits en matière de réduction des nuisances sonores et olfactives. Mais c’est surtout dans ses performances de traitement des eaux que la nouvelle station se démarque.

Thierry Jacob
Un traitement tertiaire
Passé un poste de relevage surélevé plus de huit mètres au-dessus du niveau de la Nivelle, l’équipement combine très classiquement dégrillage, dessableur-dégraisseur et un premier grand bassin biologique, pour extraire les pollutions carbonées, azotées et phosphorées sous l’action de divers micro-organismes. La vraie révolution s’opère grâce à un traitement dit tertiaire, avec une eau soumise avant rejet à des lampes génératrices d’ultraviolets, qui vont venir tuer ou désactiver certains virus ou bactéries qui, jusque-là, rejoignaient le milieu naturel.
« Grâce à ce traitement, l’eau rejetée dans la Nivelle est d’une qualité comparable à celle exigée pour les eaux de baignades »
« Grâce à ce traitement tertiaire, l’eau rejetée dans la Nivelle est désormais d’une qualité comparable à celle exigée pour les eaux de baignades. Et, croyez-moi, les normes et les citoyens sont exigeants en la matière », souligne à ce sujet la maire de Biarritz Maider Arosteguy.

Thierry Jacob
« Ce traitement tertiaire c’est aussi une manière d’anticiper la baisse des débits de la Nivelle, de faire en sorte de pouvoir continuer à faire fonctionner l’ouvrage malgré cette baisse des débits », rebondit la directrice de l’agence de l’eau Adour Garonne. La dénommée Élodie Galko vante plus largement les qualités d’« un équipement en faveur du développement économique des territoires. On a tendance à réduire ça à la qualité de l’eau. Mais en fait, la qualité de l’eau, c’est ce qui permet à un territoire de continuer à se développer, de continuer à accueillir des populations, de continuer à accueillir des activités économiques. Et c’est ce que va permettre cet ouvrage : pouvoir continuer à construire et à bien vivre au Pays basque », complète-t-elle.
Deux défis à relever
Une introduction idéale pour le nouveau préfet des Pyrénées-Atlantiques, qui déjeunait juste avant avec le maire de Saint-Pée-sur-Nivelle, afin de balayer les grands enjeux de la commune. À commencer par le défi de la construction de logements sociaux et la prise en compte du fort risque de crues et d’inondations. Jean-Marie Girier loue l’aboutissement d’« un projet au croisement de l’aménagement durable, de la protection de l’environnement et de la qualité de vie, qui est essentiel pour le territoire ».

Thierry Jacob
Alors que changement climatique, artificialisation des sols, pollution diffuse et pression démographique fragilisent la ressource en eau, le représentant de l’État évoque deux défis à relever. D’une part, un défi quantitatif : « celui de la raréfaction qui exige des choix d’aménagement, une pédagogie de la consommation importante ». Et d’autre part, un défi qualitatif ; « parce qu’on le sait, les pollutions diffusent, qu’elles soient issues de l’agriculture, de rejets urbains mal maîtrisés ou d’eaux usées insuffisamment traitées, ont des conséquences directes sur nos rivières, nos estuaires et, vous l’avez dit, la qualité des eaux de baignade », déroule-t-il.
L’Agglomération, au travail pour continuer à mieux faire dans le domaine, annonce, par la voix de Maider Arosteguy, la création dans les deux années à venir de plusieurs bassins de stockage d’eaux usées, notamment à Villefranque, Ascain, Biarritz et Saint-Pierre-d’Irube. Deux nouvelles stations sont également en vue, à Mauléon et à Saint-Jean-de-Luz.