La FNSEA a garé une dizaine de tracteurs devant l’Assemblée nationale ce lundi afin de faire pression sur les députés qui doivent examiner la loi « Duplomb », sur les contraintes agricoles. Des barrages filtrants et opérations escargots ont été organisés sur plusieurs axes d’Île-de-France.
Plus de 150 agriculteurs venus d’Ile-de-France, du Grand Est et de Provence-Alpes-Côte d’Azur se sont rassemblés dans le calme, avec cafés et croissants, devant les colonnes du palais Bourbon ce lundi alors que les députés entament l’examen de la loi dite « Duplomb » sur les contraintes agricoles. Le texte divise l’Assemblée sur la réintroduction de pesticides néonicotinoïdes. 3.500 amendements ont été déposés par la gauche, suscitant la colère des agriculteurs qui soutiennent la loi et menacent de bloquer les principaux axes routiers autour de Paris, pour une durée indéterminée. Dans la matinée, la circulation a été perturbée sur plusieurs routes d’Île-de-France, notamment dans les Yvelines et le Val-d’Oise. D’autres fédérations ailleurs en France sont également mobilisées, comme en Auvergne par exemple.
Publicité
Des tracteurs devant l’Assemblée nationale
À Paris, la FNSEA a garé une dizaine de tracteurs devant l’Assemblée nationale. À 7h déjà, une dizaine d’agriculteurs avaient installé une banderole. Ils prévoient de rester plusieurs jours sur place. « On sera là temps qu’il faut », indique Quentin Le Guillous, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs. « Il y aura aussi des barrages filtrants un peu partout en Ile-de-France », prévient-il. « Le but n’est pas d’embêter les gens mais de montrer aux députés qu’on est là« .
Aux côtés des manifestants, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a estimé qu’il était « normal que les députés puissent échanger des arguments » mais que la donne avait « changé » avec « les 3.500 amendements déposés ».
Des députés Renaissance, MoDem, Horizons et RN sont venus à la rencontre des agriculteurs devant le palais Bourbon. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard, favorable au texte remanié au Sénat avec le concours du gouvernement, est aussi venue leur apporter son soutien, accompagnée du ministre de l’Intérieur et nouveau président des Républicains Bruno Retailleau. « La caricature dont ce texte fait l’objet aujourd’hui est profondément injuste et injustifiée », a-t-elle déclaré, ajoutant que les agriculteurs étaient « victimes de l’enlisement du débat ».
La FNSEA prévoit des actions « dans tous les départements »
Invité de franceinfo, Arnaud Rousseau a annoncé des manifestations partout en France.« Dans tous les départements, il y aura des actions, plutôt de l’ordre du symbole, car les agriculteurs sont au travail en ce moment », a-t-il précisé. « L’objectif est d’aller au terme du message que nous avons porté il y a un an et demi : l’agriculture française est en danger », a-t-il dit.
En interne, le message est de « ne rien lâcher » plus d’un an après les mobilisations de début 2024 pour obtenir « enfin » les mesures de simplification promises par le gouvernement.
Barrages filtrants et opérations escargot
En Essonne, un barrage filtrant a été organisé sur la N118, dans le secteur de Saclay ce lundi matin. Trois tracteurs bloquaient les voies, a constaté un reporter d’ICI Paris Ile-de-France. Toujours en Essonne, une opération escargot a eu lieu sur la RN20, selon les Jeunes agriculteurs et la FDSEA Ile-de-France. Dans les Yvelines, un barrage filtrant a été installé sur la N12 dans le secteur de Houdan. Dans le Val-d’Oise, un barrage filtrant a été installé sur la N104 au niveau d’Attainville. Une opération escargot s’est également déroulée sur la N14. Des opérations escargot étaient aussi prévues sur l’A15 et la N184.
FNSEA et JA dénoncent une « trahison »
Ces actions sont la conséquence de la proposition de loi des sénateurs Laurent Duplomb et Franck Menonville dont l’objectif est d’alléger les contraintes pesant sur les agriculteurs. Le projet de loi vise entre autres à simplifier le stockage de l’eau, l’accès aux produits phytosanitaires et l’agrandissement des exploitations agricoles.
Dans son communiqué publié la semaine dernière, la FRSEA d’Île-de-France a parlé de « trahison ». Selon le syndicat majoritaire, certaines mesures ont été amendées ou supprimées lors des débats en commissions.
Parallèlement, 3.500 amendements ont été déposés, essentiellement des écologistes et des insoumis, qui dénoncent sur le fond les orientations du texte. « C’est prendre en otage les députés, pour empêcher que le débat démocratique ne se fasse », a dénoncé ce dimanche sur franceinfo Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche. Le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu n’a « pas exclu » ce dimanche que les députés du parti votent la motion de rejet de la loi agricole dite « Duplomb », défendue par ses partisans pour contourner la masse d’amendements écologistes et insoumis.