Cela fait huit ans que le terme « Ferrocampus » est sorti du chapeau de Jacky Émon, conseiller régional saintais délégué aux TER, et de son président Alain Rousset. L’idée était d’appliquer au ferroviaire le concept de l’Aérocampus de Latresne (33) dans l’ancien technicentre de Saintes (17). Le chemin a été long, au point de susciter l’ironie de la CGT-Cheminots. « Il y a quatre ans on inaugurait l’association Ferrocampus, il y a deux ans le passage des clés de la SCNF au conseil régional, aujourd’hui la première pierre. Dans deux ans, on inaugure la première tuile ? » grince Jérôme Pudal, secrétaire général de la CGT-Cheminots de Saintes.

Anne Lacaud / SO
Le syndicat était présent à l’entrée pour faire entendre ses préoccupations, vendredi 23 mai : « On n’est pas là pour s’opposer au Ferrocampus, mais on veut un Ferrocampus SNCF. Ici, des subventions publiques vont dans des entreprises privées. Et il faudrait faire le train d’aujourd’hui avant de penser au train de demain. On a des trains qui tombent en panne de plus en plus souvent, un réseau à bout de souffle… »

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Brevet tout frais
« C’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Aujourd’hui, le maçon a posé les fondations », défend Jacky Émon, conscient des attentes. La restructuration du site est désormais bien visible. Le premier lot sera livré à l’automne 2026, la suite en avril 2028. Le Ferrocampus intégrera des salles d’enseignement et des espaces de scénarisation des innovations. « On fera une école d’ingénieurs publique, gratuite. On tient à l’égalité des chances », insiste Alain Rousset.

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« On fera une école d’ingénieurs publique, gratuite. On tient à l’égalité des chances »
Un « showroom » dévoilé ce vendredi donne un aperçu très étayé des objectifs poursuivis. Une centaine d’innovations sont compilées sur des panneaux, ou illustrées à travers une maquette à taille réelle et deux pupitres de téléconduite. Au milieu du bâtiment trône un dispositif d’essieux breveté deux jours plus tôt par la société Texelis, basée à Limoges. Il permet d’adapter la hauteur du train à celle du quai, tout en optimisant les coûts de maintenance et en laissant plus de place aux batteries.

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Un deuxième espace, le « Think Tank 233 », accueillera tous ceux qui veulent « agiter les idées », décrit la directrice générale de Ferrocampus, Séverine Rengnet.

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Doubler l’affluence
« Dans dix ans, il faudra renouveler massivement la flotte des TER », rappelle Alain Rousset. Il mise sur l’innovation pour réduire les coûts, « décarboner » le train et doubler le nombre d’usagers d’ici à 2050, en redynamisant notamment les lignes secondaires. « L’ambition n’est pas petite, il s’agit de réinventer le train régional », encourage Carole Desnot, vice-présidente technologie et innovation du groupe SNCF.

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À l’initiative de celui-ci, un consortium de onze entreprises planche sur le train léger innovant (TELLi), avec l’appui de la Nouvelle-Aquitaine. Le Ferrocampus constitue une vitrine et un lieu d’échange pour ces acteurs. L’enthousiasme était grand, ce vendredi, à Saintes, avec un bémol émis par le vice-président en charge des transports, Renaud Lagrave : pour que les trains roulent, il faudra que le réseau ferroviaire soit en état.