« Culture du mépris » : pourquoi y a-t-il un tel « gouffre » entre Paris et les territoires ?

Mai 19, 2025 | Paris

À Paris, chacun est un peu Rastignac, un provincial venu conquérir la capitale. Mais pourquoi cette ville emblématique semble-t-elle si éloignée du reste de la France ? La fracture entre Paris et le reste du pays ne cesse de s’accentuer. 

Le mot « province » est désormais presque proscrit dans les médias et les discours officiels. À sa place, on parle de « territoires », au pluriel, comme pour fragmenter encore davantage ce qui est déjà loin du centre.

Francis Brochet, auteur du livre Quand Le Parisianisme écrase la France aux éditions de l’Aube, observe ce clivage : « On a commencé à dire territoires au pluriel quand on a cessé de faire de l’aménagement du territoire au singulier, c’est-à-dire d’aménager la France tout simplement. » Il dénonce, au micro de Tout savoir sur, un podcast RTL, cette France à deux vitesses, où « 2 millions » décident pour « 66 millions » d’autres. 

Tous les chemins mènent à Paris

Jean-Laurent Caselly, essayiste, nuance : ce n’est plus uniquement un face-à-face entre Paris et le reste, mais un fossé croissant entre métropoles connectées, comme Lyon ou Bordeaux, et les « périphéries ». Néanmoins, Francis Brochet insiste : même les métropoles restent à la traîne par rapport à la singularité parisienne. « Si vous prenez les revenus, il y a un gouffre entre les Parisiens et les Lyonnais ou les Bordelais. »

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L’un des meilleurs symboles de ce déséquilibre est le TGV. Brochet le décrit comme un piège : « On sait bien que quand on met deux pouvoirs en relation étroite, c’est toujours le plus fort qui gagne. Et le TGV est une étoile qui part de Paris. » 

Une « culture du mépris »

Ce parisianisme, c’est aussi une « culture du mépris », selon l’écrivain Alexandre Jardin. Il décrit un Paris qui ne voit plus la France. Le combat des « gueux » contre les ZFE ou Zones à Faibles Émissions, mené par Jardin, révèle une fracture bien plus vaste. « Une nation s’est reconnue dans un mot de mépris », dit-il. 

Même les Franciliens hors Paris, se sentent eux-mêmes « provinciaux » aux yeux des Parisiens. Naïma Moutchou, députée du Val-d’Oise, en témoigne : « J’ai vécu l’indifférence de ce qu’est mon territoire. La Grande Couronne, c’est très loin et c’est l’expédition d’aller dans le Val-d’Oise. » 

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