La Gaîté lyrique réclame à la mairie de Paris les aides financières promises pour pouvoir rouvrir

Mai 15, 2025 | Paris

L’établissement culturel parisien situé dans le 3e arrondissement a été occupé entre décembre et mars par de jeunes migrants qui s’affirmaient mineurs et cherchaient un hébergement.

Lundi 18 mars, la préfecture de police de Paris a ordonné l'évacuation de la Gaité lyrique, occupée pendant trois mois par plus de 400 migrants. En réponse, le Collectif des jeunes du parc de Belleville avait appelé à un rassemblement pour s'opposer à l'expulsion. (EDOUARD MONFRAIS-ALBERTINI / HANS LUCAS / AFP)
Lundi 18 mars, la préfecture de police de Paris a ordonné l’évacuation de la Gaité lyrique, occupée pendant trois mois par plus de 400 migrants. En réponse, le Collectif des jeunes du parc de Belleville avait appelé à un rassemblement pour s’opposer à l’expulsion. (EDOUARD MONFRAIS-ALBERTINI / HANS LUCAS / AFP)

La direction de la Gaîté lyrique est inquiète. Conséquence de plusieurs mois d’occupation par plus de 400 jeunes migrants, évacués, parfois violemment, en mars par les forces de l’ordre, l’établissement culturel connaît une situation financière tendue. La structure dénonce le « revirement » de la mairie de Paris, propriétaire du bâtiment, qui s’était engagée à soutenir sa réouverture.

« La ville de Paris vient enfin de nous rendre les clés et les équipes peuvent enfin réinvestir le lieu », indique la direction de la Gaîté lyrique dans un communiqué. Mais la mairie, qui « s’était engagée à compenser financièrement une partie de nos pertes, a fait volte-face », déplore auprès de l’AFP sa directrice Juliette Donadieu, dénonçant un « abandon incompréhensible » de la part de l’exécutif municipal.

La mairie a répondu dans un communiqué qu’elle avait « déclenché, dans des délais extrêmement courts, le versement d’un solde de 1,3 million d’euros pour un budget versé par la ville à la Gaîté lyrique de 3,1 millions pour l’année 2025 ». « Cette somme n’est que la subvention due par la maire dans le cadre du contrat de concession pour une exploitation normale », réplique Juliette Donadieu. « Ça fait pourtant des semaines qu’on évalue ensemble les pertes exceptionnelles », ajoute la responsable du lieu.

Le Conseil de Paris s’était notamment engagé à « soutenir l’équipe de la Gaîté lyrique et sa gouvernance pour rétablir au plus vite le service culturel » qu’elle assure, selon l’établissement. Ce « revirement (…) menace immédiatement 80 emplois » : la Gaîté lyrique, « économiquement exsangue », sera « très bientôt en procédure de sauvegarde », alerte la direction qui estime ne pas pouvoir rouvrir au public.

Située au cœur de Paris, la Gaîté lyrique a été occupée entre décembre et mars par de jeunes migrants qui demandaient à être hébergés et affirmaient être des mineurs devant être reconnus comme tels. Une minorité contestée par la mairie et la préfecture de région.

Ils avaient été expulsés des lieux le 18 mars, faute d’accord entre la mairie et l’État sur leur devenir. L’action avait suscité l’émoi et la colère. De nombreux jeunes sont retournés à la rue après l’évacuation, selon le Collectif des jeunes de Belleville qui les soutient. Lors de celle-ci, plus de 20 personnes ont reçu une OQTF. « La sanction de cet échec collectif ne peut en aucun cas être le sacrifice d’un lieu culturel et de ses 80 emplois », insiste la direction de la Gaîté lyrique.