Depuis une semaine, les cadeaux pleuvent. Il y a eu, d’abord, cette soirée d’ouverture avec Kamel Daoud, puis un « concert dessiné » avec Aurel et le contrebassiste Renaud Garcia-Fons, enfin ce récital célébrant le grand écrivain occitan Max Rouquette – dont les textes viennent d’être réunis par Bruno Doucey dans l’anthologie L’Ombre messagère et autres moissons de poèmes.
Pour célébrer la 40e édition de la Comédie du livre, son directeur littéraire et artistique, Régis Penalva, a misé « sur la fidélité et l’amitié » des habitués : les maisons d’édition Au Diable Vauvert, Zoé et d’anciennes cartes blanches – Alice Zeniter, Mathias Énard, Maylis de Kerangal.
Samedi 17 mai, l’auteure de Réparer les vivants proposera une soirée littéraire et musicale sur le thème des villes avec Roderick Cox, chef de l’Orchestre national de Montpellier. Sur les notes de Serenade de Leonard Bernstein et de la Ve de Beethoven, elle lira plusieurs textes, dont un qu’elle a écrit pour l’occasion. Roderick Cox déclamera lui aussi un poème, sur sa ville natale de Macon, en Géorgie.
Vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 mai, la promenade du Peyrou sera le cadre d’une exposition de photos retraçant les temps forts de la Comédie, créée en 1986 par la journaliste Mia Romero (déjà fondatrice du Livre sur la place à Nancy). On y verra descendre de l’avion les membres de l’Académie Goncourt (Hervé Bazin, Robert Sabatier, Edmonde Charles-Roux…) avant leur brouille avec Georges Frêche à propos d’un prix littéraire qu’il baptisa Antigone et qui fit long feu.
« Il y a aussi cette photo de l’ancien maire et d’Emmanuel Le Roy Ladurie, qui ne se parlaient plus, et que le journaliste Philippe Lapousterle a réunis en 2007 dans un débat assez émouvant », cite Régis Penalva, qui se rappelle également la création, dans les années 2000, de La Friche par Marion Mazauric, fondatrice des éditions Au Diable Vauvert.
Un espace dédié aux nouvelles écritures, aux marges avant-gardistes, qui font autant l’identité du salon que les auteurs des têtes de gondole : « C’est comme ça qu’on en a fait un événement populaire », souligne Régis Penalva, à qui la Comédie du livre doit son ossature actuelle, son ouverture à d’autres formes d’art et sa professionnalisation.
« Ce qui n’était qu’un salon est devenu à la fois un salon et un festival », souligne son directeur, que la quête de nouveaux publics a conduit à la création de balades scientifiques dans le Jardin des Plantes, du Grand Prix de l’imaginaire en 2024, et, peut-être bientôt, à l’ouverture aux romans young adult.
Une diversification rendue possible par l’engagement des collectivités. « Mais on voit bien, dans d’autres régions, que la culture devient une variable d’ajustement budgétaire, relève Régis Penalva, qui commence à ouvrir le financement à des partenaires privés, conscient que la Comédie, comme d’autres festivals, « arrive peut-être au bout d’une histoire, celle de la décentralisation culturelle ». Une chose est sûre : il nous tarde d’en découvrir les nouvelles pages.
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« Le Point », partenaire historique
Les chiffres révèlent d’eux-mêmes la richesse de cette 40e édition : 330 écrivains, 60 éditeurs, 16 librairies et 200 rendez-vous offerts au public, autour d’une carte blanche, celle de Maylis de Kerangal, et d’un invité d’honneur, David Foenkinos. L’auteur de Tout le monde aime Clara (Gallimard) s’entretiendra avec notre journaliste Élise Lépine le 16 mai à 19 heures au Centre Rabelais. Le 17 mai, elle accueillera, à l’Espace Jean-Debernard, Emma Becker et Esther Teillard pour parler du désir, que les deux autrices interrogent dans leurs derniers romans. Enfin, Christophe Ono-dit-Biot, directeur adjoint de la rédaction du Point, présentera son hymne à la mer, Mer intérieure (Éditions de L’Observatoire).