L’établissement culturel avait été occupé par 400 migrants se revendiquant mineurs pendant 100 jours. Pour « compenser ses pertes », la Gaîté Lyrique annonce avoir besoin de 3 millions d’euros. La ville a répondu qu’elle avait déjà participé en versant 1,3 million d’euros en 2025.
La direction de la Gaîté Lyrique, contrainte de fermer l’établissement culturel en décembre en raison de son occupation par des migrants, a alerté jeudi 15 mai sur sa situation financière et dénoncé le « revirement » de la mairie de Paris qui s’était engagée à soutenir sa réouverture. La Gaîté Lyrique, dont les murs appartiennent à la municipalité, évalue ses pertes d’exploitation à près de trois millions d’euros, conséquence de « 100 jours d’occupation » par plus de 400 jeunes migrants, évacués en mars par les forces de l’ordre.
« La ville de Paris vient enfin de nous rendre les clés et les équipes peuvent enfin réinvestir le lieu », indique la direction de la Gaîté Lyrique dans un communiqué. Mais la mairie, qui « s’était engagée à compenser financièrement une partie de nos pertes, a fait volte-face », déplore auprès de l’AFP sa directrice Juliette Donadieu, dénonçant un « abandon incompréhensible » de la part de l’exécutif municipal. La mairie socialiste a répondu dans un communiqué qu’elle avait « déclenché, dans des délais extrêmement courts, le versement d’un solde de 1,3 million d’euros pour un budget versé par la ville à la Gaîté Lyrique de 3,1 millions pour l’année 2025 ».
« Cette somme n’est que la subvention due par la maire dans le cadre du contrat de concession pour une exploitation normale », réplique Juliette Donadieu. « Ça fait pourtant des semaines qu’on évalue ensemble les pertes exceptionnelles », ajoute la responsable du lieu. Le Conseil de Paris s’était notamment engagé à « soutenir l’équipe de la Gaîté Lyrique et sa gouvernance pour rétablir au plus vite le service culturel » qu’elle assure, selon l’établissement. Ce « revirement (…) menace immédiatement 80 emplois » : la Gaîté lyrique, « économiquement exsangue », sera « très bientôt en procédure de sauvegarde », alerte la direction qui estime ne pas pouvoir rouvrir au public.
Située au cœur de Paris, la Gaîté Lyrique a été occupée entre décembre et mars par de jeunes migrants qui demandaient à être hébergés et affirmaient être des mineurs devant être reconnus comme tels. Une minorité contestée par la mairie et la préfecture de région. Ils avaient été expulsés des lieux le 18 mars, faute d’accord entre la mairie et l’État sur leur devenir. De nombreux jeunes sont retournés à la rue après l’évacuation, selon le Collectif des jeunes de Belleville qui les soutient. « La sanction de cet échec collectif ne peut en aucun cas être le sacrifice d’un lieu culturel et de ses 80 emplois », insiste la direction de la Gaîté lyrique.