Le Palais Lumière d’Évian accueille depuis le 14 avril sa nouvelle exposition : « Paris-Bruxelles, 1880-1914. Effervescence des visions artistiques« . Jusqu’au 4 janvier 2026, près de 400 œuvres issues d’une collection privée exceptionnelle et rarement dévoilées au public offriront un panorama saisissant des courants artistiques qui ont secoué la Belle Époque. Peintures, dessins, affiches, sculptures et photographies de plus de 170 artistes français et belges illustreront les liens foisonnants entre les scènes parisienne et bruxelloise, une période d’audace et d’innovation intenses. Une occasion unique de plonger au cœur d’une collection privée d’une richesse inouïe, témoin privilégié de cette période charnière de l’histoire de l’art.

L’exposition met en lumière les connexions intenses et les influences réciproques qui ont animé les capitales artistiques que furent Paris et Bruxelles entre 1880 et 1914. Cette période, marquée par une profonde remise en question des codes académiques, a vu naître une multitude de courants novateurs. William Saadé, commissaire général, explique que cet ensemble remarquable « nous ouvre les yeux sur un monde de l’art rarement documenté avec autant de rigueur« . L’ambition est de faire redécouvrir au public la richesse de ces échanges, où artistes, idées et styles circulaient avec une liberté et une audace stimulantes.
La scénographie invite à un voyage à travers dix mouvements artistiques européens. Dès l’entrée, le Japonisme et son impact révolutionnaire sur l’art occidental se déploient à travers une quarantaine d’œuvres. Puis, l’Art Nouveau, avec ses courbes et son inspiration naturaliste, se révèle à travers les créations d’Eugène Grasset ou les portraits de Sarah Bernhardt par Alphonse Mucha.
Le parcours explore ensuite Paris et sa campagne, source d’inspiration inépuisable, du tumulte de la Ville Lumière aux paysages apaisants de sa périphérie. L’atmosphère enfiévrée de Montmartre est également à l’honneur, avec ses cabarets iconiques comme le Chat Noir, dont de rares sculptures en zinc issues du Théâtre d’Ombres sont présentées, ainsi qu’une vidéo d’un spectacle d’ombres d’Henri Rivière. L’exposition aborde également le mysticisme du Symbolisme, l’approche conceptuelle des Nabis, l’exploration scientifique de la lumière et de la couleur par le Néo-Impressionnisme avec des figures comme Paul Signac, l’attraction des artistes pour la Bretagne et Pont-Aven, l’avant-gardisme du cercle bruxellois des Vingt, et enfin, l’art du portrait et de la caricature de la fin-de-siècle.
Au cœur de cet événement réside la passion d’un collectionneur privé désireux de conserver l’anonymat. Depuis vingt-cinq ans, cet amateur éclairé a rassemblé plus de 5 000 œuvres, constituant une documentation approfondie et intime des mouvements artistiques de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Comme le souligne Phillip Dennis Cate, commissaire scientifique de l’exposition, « On peut trouver une grande sélection d’œuvres des artistes de la fin du XIXe siècle dans des grands musées tels que le musée d’Orsay à Paris ou encore le Metropolitan Museum of Art à New York, mais c’est presque impossible d’en retrouver autant dans une collection personnelle« . Cette exposition offre donc une chance rare d’admirer des pièces majeures aux côtés de créations d’artistes moins connus du grand public mais actifs au sein des avant-gardes.

Ancien établissement thermal construit en 1902, le Palais Lumière est lui-même un témoignage de l’architecture des villes d’eaux du début du XXe siècle. Reconverti en espace culturel de renommée régionale, il offre un cadre exceptionnel pour cette exposition. Sa mission de renouveler le regard du public sur des périodes artistiques parfois négligées trouve un écho parfait dans la présentation de cette collection privée unique. Situé sur le front du lac, ce fleuron du patrimoine évianais se transforme ainsi en une porte d’entrée privilégiée sur l’effervescence créative de la Belle Époque.
L’exposition « Paris-Bruxelles, 1880-1914 » promet ainsi bien plus qu’une simple rétrospective ; c’est une invitation à une redécouverte, une plongée sensible dans un moment où l’art se réinventait avec une vitalité et une diversité fascinantes, dont les échos continuent de résonner aujourd’hui.
Illustrations : © coll. privée, photo Michiel Elsevier Stokmans / Mairie Evian-les-Bains